Son début de saison, laborieux au niveau des performances, lui avait forcément mis des doutes plein la tête.

L’entame du championnat allait donc être décisive pour ce long week-end où il avait à disputer le 100m (série, demi- finale et finale) et le 200m (série et finale).

Le vendredi à 15H40, sous un soleil de plomb, il se présentait au départ de la 1^ère série du 100m juniors. Il fallait absolument qu’il mette en place une bonne mise en action, comme il réussissait à le faire lors des derniers entraînements et qu’ensuite il court très relâché.

Et non seulement, il a parfaitement réussi à appliquer ces consignes, mais le chrono réalisé, balayait d’un seul coup tous les doutes accumulés ces derniers mois : 10’’ 66 (vent +0.1 m/s), record personnel pulvérisé de 19/100 et surtout meilleur temps des séries ! Ses adversaires étaient avertis : le grand Babacar serait au rendez-vous de ce championnat !

Après une coupure de deux heures, il revenait en piste pour la demi-finale. Toujours très concentré, il rééditait le même enchaînement qu’en série : un bon départ, avec des appuis dynamiques qui s’enchainaient rapidement, sans redressement prématuré, et ensuite une merveille de relâchement en course, qui enchantait les spectateurs tellement il donnait une impression de facilité dans l’effort.  Et à nouveau, il améliorait son tout récent record personnel (et du club) en 10’’59 (vent + 1.4 m/s) !

Mais dans l’autre demi-finale, le vainqueur marquait aussi les esprits en l’emportant en 10’’57 (vent +1.8 m/s). La finale s’annonçait passionnante !

Et c’est à 19H30 que les finalistes se retrouvaient sous les ordres du starter. Bien entendu l’idéal pour Babacar serait de maîtriser à nouveau tous les aspects techniques de la course, mais on sait que parfois, la pression d’une finale, peut modifier le comportement des athlètes. La nouveauté, c’est qu’à cet instant, Babacar possédait une arme nouvelle : la confiance en lui, car par deux fois il avait ressenti son pouvoir d’accélération s’il ne se crispait pas. Et la finale fut une copie conforme de ses deux courses précédentes : après une mise en action sans heurts, son relâchement lui permettait de dérouler sa foulée puissante et légère et d’accélérer pour distancer son principal adversaire (11/100 d’avance à l’arrivée sur le sprinter qui avait réussi 10’’57 dans l’autre demi-finale) et aussi de résister au retour du futur médaillé d’argent (3/100 d’avance à l’arrivée). En 10’’62(vent +0.4 m/s) il remportait une magnifique médaille d’or et un  premier titre national chez les juniors.

Pas le temps de décompresser, car dès le lendemain après-midi, il fallait revenir sur la piste pour le 200m. Objectif : remporter sa série et réussir un très bon chrono afin de bénéficier d’un bon couloir pour la finale programmée le dernier jour. Pas si simple que ça, car les jambes étaient logiquement un peu lourdes et surtout  il recevait un carton jaune de la part du starter qui lui reprochait d’avoir bougé en position ‘’prêt’’. Alors forcément, il se retenait au coup de pistolet, et devait ensuite se livrer pour revenir à hauteur de ses adversaires. Mais là encore, sa nouvelle arme fatale, le relâchement, lui permettait de se détacher sans difficulté apparente pour remporter sa série en 21’’75 (vent +0.2 m/s) et réaliser le meilleur chrono des qualifiés en finale.

Dimanche, sur le stade d’échauffement, il faisait toujours une très grosse chaleur, malgré l’orage qui avait éclaté durant la nuit précédente. Au vu de la qualité son échauffement, j’étais très confiant pour la finale de Babacar, bien qu’encore une fois il se retrouvait au 3^ème couloir.

Le départ était longtemps retardé à cause des cérémonies protocolaires et les athlètes devaient attendre debout sous un soleil de plomb. Enfin, le starter, plus rapide que celui de la veille, libérait les finalistes du 200m juniors. Après un virage correct, mais pas exceptionnel (au couloir 3, ce n’est jamais évident de virer pour Babacar qui est très grand), c’est encore une fois son nom qui revenait dans la bouche du speaker lorsqu’il annonçait  le coureur en tête à l’entrée de la ligne droite. Même s’il ne dégageait pas l’impression de puissance à laquelle je m’attendais après l’avoir vu si à l’aise à l’échauffement, Babacar dominait la course et l’emportait avec 15/100 d’avance sur les deux autres médaillés. Victoire en 21’’56 (vent + 1, 3 m/s) son meilleur chrono de la saison et surtout deuxième médaille d’or individuelle en poche dans un même championnat de France. Après la course, Babacar me dira qu’en arrivant sur la piste, il avait ressenti un grand coup de pompe (la chaleur, la fatigue accumulée…) et que la victoire avait été son seul objectif, peu importait le chrono.

Quel week-end donc, avec, en 3 jours, ses 5 courses les plus rapides de la saison ! Et surtout un championnat de France ponctué de 2 superbes médailles d’or individuelles, récompensant son travail et sa ténacité après deux saisons gâchées par les blessures. BRAVO BABACAR !

Merci à Jean Philippe Roiron pour ses photos

Vous pouvez voir les vidéos des finales sur la page facebook du club (merci JP)