En navigant sur le site de la fédération en mars dernier, j’ai découvert qu’il y avait les premiers championnats de la méditerranée des moins de 23 ans les 14 et 15 juin à Aubagne.

La pensée que Solène pourrait être sélectionnée a de suite traversé mon esprit.

Ce serait une belle récompense pour elle. Elle qui a tant travaillé cette année malgré un emploi du temps de ministre.

Cette pensée résonne ensuite comme un rêve à l’arrière goût de réalité.

La date du réveil est prévue le 4 juin.

Ce n’est qu’au deuxième tour des interclubs que nous trouvons les bonnes conditions de compétitions. Mais la chance n’est pas de notre côté. Solène se fait une petite entorse au début de son échauffement.

Mon rêve perd de sa couleur.

Deux semaines de repos, et Solène revient en forme pour réaliser 3m80 aux départementaux.

Je suis au travail quand Solène m’appelle pour m’apprendre qu’elle est sé-lec-tio-nnée.

Je suis super content. Oui, super content.

Le combat commence alors pour elle.

Il faut organiser son déplacement sachant qu’elle passe son oral de mémoire (pour ses études et non en prévision d’Alzheimer) le samedi après-midi.

Sa directrice de formation est une femme merveilleuse. Elle ne pouvait pas changer la date de l’oral mais elle a avancé l’heure de passage.

Cette décision arrangeait fortement Solène d’un point de vu logistique.

C’est tranquillement qu’elle a pu prendre son avion le samedi soir.

Comme la fédération fait bien les choses, quelqu’un était à l’aéroport pour l’accueillir.

Je m’organise comme un nul pour mon déplacement. Certainement encore en plein rêve. J’ai préféré le train à l’avion pour descendre car la gare d’Aubagne est juste à côté du stade.

Mais, oui, il y a un « mais », c’était sans compter sur la SNCF.

La grève a eu raison de moi.

C’est le cœur chargé que j’envoie un message à Solène qui disait qu’elle devra improviser pour sa compétition.

Je l’ai rappelée le soir pour m’assurer qu’elle était bien arrivée ou tout simplement pour me rassurer.

J’apprends alors que Gérald Bodoin (cadre technique national) n’a pas pu se rendre à Aubagne. Il a été lui aussi victime de la grève.

C’est donc à Antony que je passe mon dimanche afin d’assister Haïfa dont le concours est à 12h15.

Celui de Solène débutera à 15h15, heure d’Antony.

Le concours d’Haïfa est ponctué de problème avec le matériel.

Ca commence par la toise qui ne veut plus fonctionner. Pascal Bish n’est pas franchement aidé par les deux autres juges (je ne parle pas de toi Brigitte).

Après 25 bonnes minutes, il revient avec une autre toise.

Plus tard, alors qu’il ne reste plus que Haïfa dans le concours, c’est le poteau de gauche qui s’est mis en mode SNCF.

Pascal se bat et fait ce qu’il peut.

La barre est finalement placée. Haïfa franchira les 3m45 si difficiles à placer mais ne parviendra pas à dompter la barre suivante.

Elle est déçue. On retiendra les problèmes avec le matériel ont rendu le concours merdique.

De retour chez moi, je m’offre une petite pause avec un bon chocolat chaud.

La vie est belle.

Je me lance ensuite à la recherche de nouvelles d’Aubagne.

Mais il n’y a absolument rien. C’est nul.

Lors des championnats d’Europe juniors 2011, on pouvait suivre l’évolution des concours grâce au tableau affiché sur le net.

Pour ces championnats, c’est  le vide total.

Plus tard, j’ai reçu un sms d’un numéro inconnu : « j’ai fait 3^ème 3m86 sous la pluie :) Solène ».

Je suis content. La performance n’est pas celle attendue mais sous la pluie elle devient formidable.

Je savais qu’elle pouvait monter sur le podium.

La veille au soir, j’avais trouvé la liste des concurrentes.

J’ai fait une enquête pour trouver les performances des filles.

Les deux italiennes sortaient du lot avec l’une à 4m60 et l’autre à 4m50 (environ). On trouvait ensuite Ninon à 4m20. Les autres dont Solène avaient une performance vers 3m90 pour cette saison.

J’ai réussi à joindre Solène pour avoir plus d’informations.

Alors qu’Antony était sous le Soleil, Aubagne sortait les parapluies.

Mais Solène est redevenue la cadette qu’elle était (c’est son expression).

La « water resistant woman » ne lâche rien, et surtout pas sa perche.

Après un bon premier essai à 3m66, elle change de perche pour attaquer 3m86.

La pluie commence à tomber fortement. Ce sera un échec.

Prudents, les juges stoppent le concours.

La pluie tombe à nouveau quand Solène se présente pour son deuxième essai. Elle a décidé de reprendre la perche précédente.

Elle passe.

J’imagine qu’elle était contente. J’airais aimé l’être aussi. Merci la SNCF. Je ne vous en veux pas vraiment, il faut bien défendre son beefsteak.

 Les italiennes entrent dans le concours à 4m06. Il ne reste alors plus que 5 filles dans cette finale.

Bon, ben, les italiennes passent, pas les autres.

Le concours est terminé pour Solène qui décroche une belle 3^ème place.

J’aurai vraiment aimé y être.

Plus tard, voilà ce que j’ai pu lire sur le site de la fédération.

Solène Guiloineau, médaille de bronze à la perche avec 3,86 m :
« Vu les conditions, c’était un peu la loterie. Sur le papier je n’étais pas forcément sur le podium, mais il a fallu réussir à jongler, à ne pas se refroidir pendant l’interruption. En fait, il fallait réussir à ne pas trop réfléchir à la pluie… Je vais maintenant voir avec mon coach, Jean-Jacques Dhénain, ce qu’il va falloir travailler pour la suite de la saison. »