Nantes 2014, Haïfa et Solène,

Après une bonne nuit, une bonne douche, un bon petit déjeuner, l’heure d’aller à la salle Pierre Quinon arrive.

A peine le temps de se garer et … « où sont passées les filles » ?

« On les a oubliées à l’hôtel » ?

« Non » me dit Eric, elles sont déjà dans la salle.

Bien, je savais bien que je les avais vues monter dans le minibus.

Je suis ému en entrant pour la première fois dans cette salle.

Une photo de Pierre est là, comme pour m’accueillir.

Je lui lance un « salut Pierre » dans ma tête en passant. Je rêve en même temps d’un titre de championne de France pour Solène dans cette salle au si beau nom.

Il me faudra attendre demain car ce samedi, c’est Haïfa et Justine qui sautent.

Eric vous a déjà tout dit sur le concours de Justine. Pour ma part, j’ai eu la chance de voir son saut à 1m76.

J’étais pris par le concours d’Haïfa.

Après un échauffement   moyen, elle a attendu que la barre soit placée à 3m35 pour débuter.

Elle est passée à deux doigts de finir à cette même hauteur.

J’ai eu grand peur. Ce n’est pas la Haïfa que je connais. Je communique en même temps avec Solène qui doit faire ses premiers pas sur le sol Nantais dans 10 minutes.

J’apprends par Arnaud (entraîneur de perche à Montreuil) que Fatou (perchiste de Montreuil) voyage dans le même train que Solène. Le directeur technique de Montreuil vient justement de partir la chercher.

Je vois, oui oui, je vois bien que certains ne lisent plus. Cette partie ne les intéresse pas.

Très bien, je résume.

Nous avons informé les filles qui ont pu se retrouver et Solène est arrivée tranquillement à la salle.

Je remercie beaucoup notre ami du C A Montreuil pour ce nouveau service.

Pendant ce temps, Haïfa passait les 3m50 assez facilement.

Malheureusement, elle en restera là.

Je suis triste pour elle car le podium était proche. Pas seulement parce qu’elle partait juste à côté de lui, mais parce qu’elle méritait et avait les moyens d’y monter.

Je dois maintenant rester concentré sur le concours de Solène dès 11h00 le lendemain.

Pour ce faire, j’ai eu la chance d’être invité à manger avec des amis.

Quand je dis la chance, je dis bien la chance.

Le reste du club est allé manger dans un restaurant où la spécialité semblait être de ne pas bien recevoir ses clients.

A leur place, je serais parti sans payer.

Je n’étais pas à leur place, mais bien à la mienne.

A  Aubagne, j’avais découvert l’huitre végétale.

A Nantes, j’ai découvert le Nantillais.

J’écris, j’écris mais voilà que Solène entre sur la piste.

Elle sourit.

Nous avons déjà établi notre stratégie de concours. L’objectif avoué est le podium.

Dois-je vraiment vous avouer l’inavouable ?

Eric a préféré me laisser tranquille. Il garde en souvenir une finale à Niort.

Hugues Longa est à mes côtés. Je peux donc partager mes sentiments avec un connaisseur.

Solène est lancée pour son premier saut d’échauffement.

Je suis tendu, inflexible. (Elle est bien celle-là)

Elle passe un peu loin, 14m90. Je pense alors qu’elle ne piquera pas. Mais je me trompais.

Cela me rassure. Elle est au top pour aller chercher ce que nous voulons.

Le concours est beau. Oui, quand votre athlète efface toutes ses barres au premier essai, c’est beau.

Elles ne sont plus que trois pour attaquer  3m95.

Mathilde a fait un beau 3m85. Elle peut perturber nos plans.

Mais aucune des filles ne franchira 3m95. Aucune sauf Solène. (Au premier essai)

Je dis à Hugues que j’ai deux possibilités : soit je lui demande de tenter 4m05 avec la même perche  puis 4m15 avec une perche plus dure, soit je lui demande de tenter directement 4m15 avec une perche plus dure.

Je descends les quelques marches de la tribune et je remonte presque aussitôt.

Hugues veut savoir ce que j’ai décidé.

Je lui réponds simplement : « il faut parfois savoir la fermer. Je n’ai pas eu le temps d’en placer une. Solène m’a dit : je fais 4m15 avec la 4m45. Je suis cool, j’ai juste répondu oui ».

Solène sera championne de France espoirs avec 3m95.

La saison a été belle et ce happy end nous convient parfaitement.

Il ne nous reste plus qu’à rentrer chez nous avec, comme le dit si bien Eric, des têtes de vainqueurs.

C’est en chantant que nous revenons de Nantes.